Un klaxon s’égare dans la nuit, mais votre voiture reste là, immobile, comme si elle défiait quiconque d’y toucher. Pourtant, sur les parkings hexagonaux, certains modèles semblent attirer les convoitises comme des phares pour les papillons nocturnes. Pendant que l’automobiliste rêve d’arriver à bon port, des réseaux organisés peaufinent leur propre palmarès des véhicules les plus aisés à dérober.
Pourquoi certains constructeurs voient-ils leurs modèles truster les podiums du vol, saison après saison ? Les données pour 2025 redistribuent les cartes : des surprises s’invitent dans le classement, ébranlant la réputation de voitures que l’on croyait inaccessibles aux voleurs. Autopsier ces tendances, c’est se confronter à la réalité anxiogène mais bien réelle de centaines de milliers de conducteurs français.
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Vols de voitures en France : quelles tendances pour 2025 ?
La courbe ne fléchit pas : plus de 140 400 véhicules volés en 2024, annonce le secteur de l’assurance. Cela représente une progression de 5 % par rapport à l’année précédente, qui elle-même avait déjà vu une envolée de 11,1 %. Les données publiées par Argos et passées au crible par SRA ne laissent aucun doute : le vol de voitures en France reste un marché fébrile, où la sophistication des bandes organisées avance à marche forcée.
Derrière ces chiffres, une évidence : Renault occupe toujours la première place du palmarès des marques les plus visées, talonnée par Peugeot. Toyota et Lexus gagnent du terrain, notamment grâce à leurs SUV hybrides, devenus des cibles de choix. Les méthodes de vol n’ont plus rien de folklorique : mouse jacking, relay attack, piratage OBD, injection CAN… Le vol automobile s’est digitalisé, brouillant les pistes pour les enquêteurs comme pour les propriétaires.
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Que deviennent ces voitures ? Plusieurs routes s’offrent à elles :
- Découpées et revendues en France, alimentant un marché noir de la pièce détachée
- Expédiées complètes vers l’Afrique de l’Ouest, Toyota RAV4 et Nissan Qashqai y font figure de stars
- Envoyées en Europe de l’Est, avec des modèles comme la Renault Clio, la Peugeot 308 ou la BMW Série 1
Malgré la flambée des vols, environ 40 % des véhicules dérobés réapparaissent. Ce taux, qui progresse doucement, témoigne du rôle croissant des systèmes de géolocalisation, mais aussi de la capacité d’adaptation des réseaux internationaux. Chaque année, Auto Plus publie son propre classement, une mine d’informations scrutée à la loupe par les assureurs et les constructeurs.
Quels modèles sont les plus ciblés par les voleurs cette année ?
En 2025, la hiérarchie n’a pas bougé d’un iota : les compactes françaises tiennent la barre, indétrônables. La Renault Clio IV domine toujours le classement des voitures les plus dérobées, talonnée par la Peugeot 3008 II et la Peugeot 308 II. Leur succès s’explique facilement : leur présence massive sur le marché et leur démontage rapide en font des proies parfaites.
Les SUV, eux, sont devenus le nouvel eldorado des voleurs. Toyota RAV4, Lexus NX et Range Rover Sport grimpent en flèche, portés par une demande à l’export qui explose, en particulier vers l’Afrique de l’Ouest. Les filières spécialisées raffolent aussi de l’Audi A3, de la BMW Série 1 ou de la Mercedes Classe A, synonymes de bénéfices assurés dans les pays d’Europe de l’Est.
- Renault Clio IV : championne toutes générations confondues
- Peugeot 3008 II et Peugeot 308 II : fidèles au top 5
- Toyota RAV4 V : la coqueluche des filières internationales
- Lexus NX et Range Rover Sport : des cibles privilégiées pour l’export
- Citroën C5 Aircross et DS 7 Crossback : remarqués cette année
Les citadines restent vulnérables, mais la nouvelle cible s’élargit : les utilitaires (Renault Trafic 3, Peugeot Boxer 3) et les hybrides dernier cri. Les raisons du choix sont limpides : rentabilité maximale, démontage aisé, valeur de revente élevée, et une résistance aux outils électroniques qui laisse encore à désirer.
Statistiques détaillées : chiffres, régions et profils à risque
En 2024, 140 400 voitures ont changé de main sans consentement, d’après Argos et SRA, soit 5 % de plus que l’année précédente. La dynamique est claire : le cap des 70 000 vols annuels a été franchi dès 2023, avec une progression de 11,1 % en un an.
Les procédés ? De plus en plus techniques. Mouse jacking, relay attack, piratage OBD, injection CAN : autant de méthodes permettant de subtiliser un véhicule en deux minutes chrono, sans laisser la moindre trace d’effraction. Les forces de l’ordre et les assureurs redoublent d’efforts, mais la partie s’annonce rude.
Le risque ? Il varie selon la géographie. Les grandes métropoles et les zones portuaires trustent les premières places du classement :
- Bouches-du-Rhône : champion départemental du vol
- Nord et Rhône : juste derrière
- Val-d’Oise, Seine-Saint-Denis : taux de vols qui crèvent le plafond
Les automobilistes les plus exposés ? Propriétaires de citadines, de SUV récents, mais aussi d’utilitaires, très recherchés pour alimenter le trafic de pièces détachées. 40 % des véhicules volés finissent par être retrouvés, mais rarement intacts : beaucoup sont déjà dépecés ou ont quitté le territoire.
Les filières agissent à deux vitesses : exportation de véhicules complets vers l’Afrique de l’Ouest pour les modèles Toyota et Nissan ; démontage et envoi des pièces vers l’Europe de l’Est pour les Renault, Peugeot ou BMW.
Comment limiter les risques de vol pour votre véhicule en 2025
Les voleurs innovent sans relâche. Face au mouse jacking, à la relay attack ou au piratage par injection CAN, il vaut mieux multiplier les embûches. Les chiffres sont formels : les dispositifs mécaniques et électroniques font perdre du temps aux bandes organisées, qui préfèrent souvent passer leur chemin si l’accès se complique.
- Barre de volant ou bloque-pédale : la méthode ancestrale fait toujours recette. Un dispositif visible peut suffire à décourager les moins déterminés.
- Traceur GPS autonome : installer un traceur caché augmente nettement la probabilité de retrouver le véhicule disparu. Les modèles connectés préviennent instantanément sur smartphone.
- Pochette anti-RFID : glissez-y votre clé sans contact pour bloquer la communication radio, neutralisant ainsi la relay attack. Simple et redoutablement efficace.
Le lieu de stationnement fait également la différence : préférez un garage fermé ou un parking éclairé et surveillé. Laisser sa voiture dans la rue, surtout la nuit, c’est ouvrir la porte à toutes les convoitises.
Les compagnies d’assurance modulent désormais leurs contrats face à cette criminalité technologique. Examinez les garanties, traquez les clauses d’exclusion et, si vous installez un antivol homologué, négociez votre cotisation. Les conducteurs prévoyants s’attirent parfois la bienveillance des assureurs.
Un dernier réflexe, loin d’être anecdotique : ne laissez jamais la carte grise ou le moindre document officiel dans la boîte à gants. Une voiture volée avec ses papiers file vers les frontières et disparaît en un éclair, direction Lagos ou Varsovie, sans espoir de retour.
Sur le bitume comme dans l’ombre, la course entre voleurs et automobilistes ne connaît pas de pause. Reste à savoir quel modèle, demain, retiendra l’attention des réseaux, ou deviendra, pour un temps, l’ultime mirage de sécurité.
